L’éducation verte au Portugal : l’exemple de l’ABAAE et du groupe scolaire de Terrugem

À Terrugem, la démarche éco-école a trouvé un terrain fertile. L’établissement, engagé depuis de longues années, est souvent désigné par l’ABAAE comme l’une des écoles vitrines du réseau portugais. Ici, la durabilité n’est pas un domaine réservé aux professeurs de sciences : elle imprègne la vie scolaire, des cours aux récréations, des menus de la cantine aux relations entre l’école et son territoire.

Le potager biologique constitue sans doute le symbole le plus visible de cette dynamique. Il n’a rien d’un décor pédagogique : il sert d’outil de travail dans plusieurs disciplines, de la biologie à l’alimentation, mais aussi dans l’éducation à la citoyenneté. Les élèves y apprennent à reconnaître la biodiversité cultivée, observent les cycles saisonniers et réfléchissent aux pratiques agricoles durables. La parcelle a grandi au fil des années, accompagnant l’ambition pédagogique de l’équipe éducative. Sa présence physique dans l’établissement rappelle aux élèves que l’environnement n’est pas un concept, mais une réalité vivante.

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La biodiversité locale fait l’objet d’une autre ligne de travail structurante. À travers le programme “Biodiversidade da Minha Escola”, les élèves inventorient les espèces présentes dans l’établissement, créent des jardins mellifères, installent des hôtels à insectes et assurent le suivi de la faune. Les gestes sont modestes, mais leur répétition construit une sensibilité écologique fondée sur la rigueur scientifique plutôt que sur le discours incantatoire.

Ce lien étroit entre savoirs scolaires et environnement se prolonge hors des murs. Avec la Rota Concelhia da Ação Climática – “Route municipale pour l’action climatique”, l’Agrupamento de Escolas Alto dos Moinhos inscrit son action dans une dynamique collective à l’échelle du concelho.

À Terrugem, la participation à cette route climatique revêt une dimension particulièrement concrète : les élèves se déplacent à vélo, en petits groupes accompagnés d’enseignants et parfois de parents, pour rejoindre les autres établissements impliqués. Le trajet constitue en soi un acte éducatif : il illustre un mode de mobilité durable, rend visible l’engagement des élèves dans l’espace public et favorise l’appropriation du territoire.

L’itinéraire, qui relie successivement les écoles participantes avant de terminer à la municipalité, fonctionne comme un fil symbolique. À chaque étape, les élèves présentent leurs observations, leurs projets et leurs propositions pour améliorer la durabilité locale — qu’il s’agisse de gestion des déchets, de biodiversité, de consommation responsable ou de climat. La remise finale de “propositions climatiques" à la mairie fait de cette initiative un moment politique au sens fort du terme : celui d’une communauté éducative qui s’organise, argumente et contribue à la transformation du territoire.

Les actions menées à Terrugem — du potager biologique à la Route municipale pour l’action climatique — témoignent d’une articulation remarquable entre apprentissage expérientiel, citoyenneté active et ancrage territorial. Elles montrent qu’il est possible de former les élèves à la fois à comprendre et à agir, à relier les enjeux mondiaux aux réalités locales, et à assumer un rôle actif dans la transformation de leur communauté.

En ce sens, Terrugem illustre parfaitement ce que peut devenir une école engagée dans la transition écologique : un lieu où les savoirs scolaires rencontrent le vivant, où les élèves apprennent par l’expérience et la responsabilité, et où l’établissement lui-même se pense comme un acteur du changement. Une démonstration concrète que l’éducation verte, lorsqu’elle est structurée et partagée, peut réellement devenir un levier de transformation durable — pour les élèves, pour l’école, et pour le territoire qui l’entoure.